Le groupe français Groupe Atlantic, leader des pompes à chaleur, est en passe d’être acquis par le groupe nippo‑américain Paloma Rheem Holdings, une opération suivie de très près par le ministère de l’Économie pour ses enjeux stratégiques.
Le Groupe Atlantic, basé à La Roche‑sur‑Yon (Vendée), est l’un des principaux acteurs européens du chauffage, de la ventilation, de la climatisation et des pompes à chaleur. Créé en 1968 et toujours fortement ancré dans l’industrie française, il emploie environ 12 000 personnes et réalise un chiffre d’affaires d’environ 2,8 à 3 milliards d’euros par an.
L’accord signé le 22 décembre 2025 prévoit l’entrée en prise de participation majoritaire de Paloma Rheem Holdings au capital du groupe français, issu du rapprochement des japonais Paloma et Fujitsu General avec le groupe américain Rheem. Paloma Rheem est une entreprise mondiale active dans la fabrication et la commercialisation d’équipements de climatisation, de production d’eau chaude, de chauffage et d’appareils de cuisine.
Un secteur stratégique sous haute surveillance
Les pompes à chaleur sont aujourd’hui au cœur de la stratégie énergétique française, car leur développement contribue directement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la diminution de la dépendance aux énergies fossiles, notamment dans le secteur du bâtiment. Cette technologie est un pilier du plan visant à produire un million de pompes à chaleur en France d’ici 2027, annoncé par le gouvernement français.
Le ministère de l’Économie ne cache pas que l’opération doit obtenir une autorisation préalable dans le cadre du contrôle des investissements étrangers en France, une procédure qui vise à protéger les secteurs considérés comme stratégiques. Sans ce feu vert administratif, la transaction ne pourra pas être finalisée, rapporte La Dépêche.
Le gouvernement français est donc particulièrement attentif à ce dossier, car il touche à la souveraineté énergétique du pays. En règle générale, un investissement étranger majeur dans un secteur clé peut être soumis à des conditions spécifiques, par exemple, le maintien des emplois, des centres de R&D ou de sites de production sur le territoire. Cela permet à l’État d’assurer que le savoir, faire industriel national n’est pas simplement absorbé mais valorisé localement.
Une histoire de famille et un tournant industriel
La vente de Groupe Atlantic concrétise aussi des évolutions internes à l’entreprise. Les actionnaires familiaux historiques, héritiers des fondateurs, ont accepté d’ouvrir leur capital à Paloma Rheem afin de renforcer les capacités de développement international du groupe. Selon plusieurs sources, les deux familles actionnaires étaient dans un conflit latent, ce qui a pu accélérer la décision stratégique de se rapprocher d’un partenaire industriel de grande envergure, comme l’explique Le Bâtiment performant.
Dans le cadre de l’opération, le siège du groupe devrait rester en France et l’entreprise continuerait d’opérer comme une entité autonome au sein de Paloma Rheem. Certains actionnaires historiques conserveraient une part minoritaire du capital, et le management actuel resterait en place pour assurer la continuité opérationnelle.
Plus de 3 milions d’euros
Pour les dirigeants du fabricant de pompes à chaleur, ce rapprochement représente une opportunité de renforcer la compétitivité du groupe face à une concurrence internationale accrue, notamment de la part d’acteurs chinois. Dans un marché globalisé du chauffage et de la climatisation, disposer d’un actionnaire de poids mondial est perçu comme un moyen d’accélérer l’accès à de nouveaux marchés et d’investir davantage dans la recherche et l’innovation.
Le montant de l’opération n’a pas été officiellement divulgué, mais plusieurs médias économiques estiment qu’il dépasserait 3 milliards d’euros, ce qui en ferait l’une des acquisitions industrielles françaises majeures de la fin de 2025, selon La Dépêche. Si l’opération est autorisée par les autorités françaises, elle pourrait ainsi permettre à Groupe Atlantic de renforcer sa position mondiale, tout en conservant une base industrielle solide en France.
Cependant, certains analystes soulignent que l’entrée d’un groupe étranger dans le capital d’un « fleuron national » soulève des interrogations sur l’avenir de la souveraineté technologique et des emplois locaux à long terme.








