Crise de l’œuf : les ruptures de stock se multiplient alors que la demande ne cesse d’augmenter

Les rayons d’œufs se vident en France en raison d’une demande croissante, d’une production insuffisante et de ruptures fréquentes.

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Crise de l'œuf : les ruptures de stock se multiplient alors que la demande ne cesse d'augmenter. Crédit : Canva | Econostrum.info

Depuis plusieurs mois, les rayons d’œufs des supermarchés connaissent des ruptures de stock fréquentes. Selon le cabinet NielsenIQ, le taux de rupture des œufs a atteint 13 % depuis le début de l’année 2025. Œuf

Pourtant, la France reste le premier producteur de l’Union européenne, avec 15,4 milliards d’œufs produits en 2024, comme l’indique Alice Richard, directrice du Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO). Malgré une production importante, la demande a largement augmenté. De janvier à novembre 2025, les ventes ont progressé de 6 % par rapport à l’année précédente.

Cela correspond à une consommation moyenne de 4 à 5 œufs par personne et par semaine, soit environ 240 par an. Cette tendance s’explique en partie par le budget restreint des ménages, notamment en raison de l’inflation alimentaire qui a touché de nombreux produits. Malgré cette inflation, ce produit reste relativement bon marché, coûtant en moyenne 28 centimes l’unité en grande surface, selon Circana.

L’œuf est également apprécié pour ses qualités nutritionnelles, étant une source de protéines peu coûteuse, riche en vitamines et minéraux. La popularité des régimes riches en protéines sur les réseaux sociaux a renforcé l’attrait pour cet aliment. Face aux pénuries, certains consommateurs achètent des boîtes supplémentaires par précaution, ce qui accentue encore les ruptures de stock.

La filière en transformation pour répondre à la demande en œufs 

Parallèlement à l’augmentation de la demande, les industriels consomment de plus en plus de cet aliment pour leurs produits. En dix ans, la pâtisserie industrielle a augmenté sa consommation d’œufs de 10 %, la mayonnaise de 20 %, et la production de glaces a explosé de 48 %. Cette évolution de la consommation affecte directement la production.

De plus, la filière se transforme pour répondre aux préoccupations environnementales et au bien-être animal. Un nombre croissant d’éleveurs a abandonné l’élevage en cage pour se tourner vers l’élevage en plein air, qui présente une densité de poules plus faible et, par conséquent, une production plus réduite. Actuellement, l’élevage en plein air représente 32,6 % de la production en France, tandis que l’élevage en cages aménagées est à 24,9 %.

Pour faire face à cette situation, certains distributeurs ont dû importer des œufs, principalement d’Espagne et de Pologne, pour compléter l’offre nationale. Selon Gaëlle Le Floch, directrice des insights chez Worldpanel by Numerator, environ 20 % de cet aliment consommés en France proviennent de l’étranger, une proportion qui pourrait augmenter si la demande continue de croître.

Afin d’augmenter la production en France, le CNPO estime qu’il faudrait ajouter un million de poules pondeuses supplémentaires chaque année, ce qui pourrait permettre la production de 300 millions d’œufs supplémentaires. Cette dynamique est déjà en marche, avec la construction prévue de 300 nouveaux poulaillers d’ici 2030.

Ainsi, la demande croissante d’œufs, combinée à une évolution des pratiques d’élevage, met la filière à l’épreuve. Bien que des solutions soient mises en place pour augmenter la production, l’impact sur les rayons des supermarchés reste visible, avec des ruptures régulières.

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