« Coup de poignard dans le dos des épargnants » : comment la hausse de la CSG ne va pénaliser que la classe moyenne

La hausse de la CSG sur les revenus du capital suscite une vive réaction des épargnants, notamment de la classe moyenne et des jeunes investisseurs.

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« Coup de poignard dans le dos des épargnants » : comment la hausse de la CSG ne va pénaliser que la classe moyenne - Crédit : Shutterstock | Econostrum.info

Le 9 décembre, l’Assemblée nationale a validé une mesure qui pourrait bouleverser l’équilibre des finances des épargnants français : la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) sur les revenus du capital. Ce nouveau taux pourrait avoir des conséquences importantes sur la classe moyenne, les jeunes investisseurs et les entrepreneurs.

Dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale, un amendement a été adopté, augmentant le taux de la CSG de 9,2 % à 10,6 % sur les revenus du capital. Cette hausse concernera plusieurs produits financiers populaires en France, notamment les plans d’épargne en actions (PEA), les comptes-titres ordinaires (CTO) et les comptes à terme. Cette mesure viendra alourdir la « flat tax » appliquée sur les revenus du patrimoine, qui passera de 30 % à 31,4 % dès 2026. En revanche, l’assurance-vie et le plan d’épargne logement (PEL) ne seront pas touchés par cette augmentation, une décision qui fait suite aux pressions exercées par les lobbies du secteur.

Les épargnants, particulièrement ceux de la classe moyenne, les jeunes investisseurs et les travailleurs indépendants, sont les principaux concernés par cette réforme. Selon les données de la Banque de France, la popularité des produits comme le PEA et le compte-titres a fortement augmenté ces dernières années, avec plus de 7 millions de PEA comptabilisés en 2024. La mesure frappe donc un large pan de la population, notamment les 2 millions de jeunes qui ont investi dans ces instruments financiers depuis quelques années.

Un expert fulmine contre la mesure touchant la CSG

Matthias Baccino, directeur Europe de Trade Republic, ne cache pas son indignation face à cette nouvelle taxe, qu’il qualifie de « coup de poignard dans le dos des épargnants ». Pour lui, cette hausse est non seulement injuste, mais aussi inefficace. « Elle a été votée pour des mauvaises raisons, notamment électoralistes. Cela va pousser les épargnants à quitter la France ou à arrêter d’investir dans l’économie réelle », estime-t-il auprès de BFM. Selon lui, la mesure va encourager les Français à quitter le pays ou à cesser d’investir dans l’économie réelle. Il critique également le fait que la hausse de la CSG ne touche pas l’assurance-vie, protégée par les lobbies des assureurs, ce qui accentue l’injustice pour ceux qui investissent dans l’économie productive.

Un impact limité sur les finances de l’État

Si la hausse de la CSG vise à augmenter les recettes de l’État, certains experts estiment qu’elle pourrait avoir un effet inverse. En effet, Matthias Baccino soulève un point important : l’augmentation des prélèvements pourrait faire fuir les investisseurs et ralentir les investissements dans les entreprises françaises. Selon lui, cela pourrait conduire à une baisse des recettes fiscales dans les années à venir, plutôt qu’à une augmentation. Il souligne également que le prélèvement forfaitaire unique, instauré sous le mandat d’Emmanuel Macron, avait jusqu’ici rapporté des recettes bien plus importantes à l’État, tout en maintenant la confiance des investisseurs.

Face à cette mesure, plusieurs voix s’élèvent contre la hausse de la CSG. Matthias Baccino, qui parle de « mesure scandaleuse », annonce la création d’une association loi 1901 dès le début de l’année 2026 pour représenter les épargnants français. Son objectif est de défendre les intérêts des petites et moyennes bourses face à cette réforme, et de faire pression sur les décideurs politiques pour revenir à un taux plus juste. Il espère qu’une révision de la flat tax pourrait avoir lieu à l’horizon 2027 ou 2028, afin de restaurer un climat de confiance pour les investisseurs.

Le climat d’incertitude persiste

L’adoption de la hausse de la CSG ne marque probablement que le début d’une nouvelle phase dans le débat sur les réformes fiscales en France. Alors que certains estiment que cette mesure est nécessaire pour soutenir les finances publiques, d’autres la considèrent comme une entrave au dynamisme économique du pays. Reste à savoir comment le gouvernement réagira face à la pression croissante des épargnants et des acteurs économiques, et si une réforme future pourrait rétablir un équilibre plus favorable aux investisseurs. Mais pour l’heure, l’incertitude reste de mise et la situation des épargnants ne semble pas prête à s’améliorer.

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