Le gouvernement persiste à imposer les thermostats connectés : qui pourra y échapper ?

 Le gouvernement a annoncé le report à 2030 de l’obligation d’installer des thermostats programmables ou connectés dans tous les logements.

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Thermostat connecté
Le gouvernement tient à imposer les thermostats connectés : qui pourra y échapper ? - Crédit : Canva | Econostrum.info

Le gouvernement français a annoncé le report à 2030 de l’obligation d’installer des thermostats programmables ou connectés dans tous les logements. Initialement prévue pour janvier 2027, cette mesure vise à permettre aux particuliers et aux professionnels de s’équiper dans de meilleures conditions, tout en poursuivant l’objectif d’économies d’énergie.

Cette décision intervient après un débat public et des critiques sur la charge financière imposée aux propriétaires. Marine Le Pen a ainsi dénoncé sur les réseaux sociaux une « folie normative » entraînant « une charge énorme pour nombre de propriétaires » déjà « écrasés par les prix énergétiques ». Le ministre de l’Économie, Roland Lescure, a précisé sur BlueSky : « Non, le thermostat connecté et programmable ne sera pas obligatoire dès 2027 », confirmant que la norme serait désormais transposée en 2030.

Une mesure pour mieux maîtriser les dépenses de chauffage

L’obligation concerne tous les logements résidentiels, neufs ou anciens, ainsi que les bâtiments tertiaires, à l’exception des habitations chauffées au poêle à bois et de certains cas particuliers nécessitant une étude circonstanciée. Le thermostat doit permettre à la fois de régler la température d’une ou plusieurs pièces et de programmer des plages horaires pour adapter le chauffage à l’occupation.

Selon l’Ademe, le chauffage représente jusqu’à 77 % du budget énergie d’un foyer. Sylvain Le Falher, fondateur d’Hello Watt, cité par BFMRMC, souligne que l’installation d’un thermostat peut générer « entre 10 % et 15 % d’économies sur les factures d’énergie », soit 200 à 300 euros par an sur une facture moyenne de 2 000 euros liée au chauffage. Il précise également que les consommateurs ont le choix entre trois modèles : les thermostats programmables, connectés ou intelligents, chacun offrant des fonctionnalités adaptées à différents besoins. « C’est plus pratique. Les ménages ont un meilleur suivi et un meilleur pilotage de leur consommation énergétique, et donc plus de surprises sur les factures et une meilleure gestion de leur budget », explique-t-il.

Combien coûte un thermostat connecté ?

Le coût d’un thermostat programmable varie généralement de 150 à 250 euros avec installation par un professionnel, tandis que les thermostats connectés sont souvent autour de 150 euros. Les têtes thermostatiques sur chaque radiateur sont optionnelles, mais peuvent faire grimper la facture entre 400 et 600 euros selon le nombre de pièces. L’État prévoit un accompagnement financier dont le montant dépend du coût du matériel, de l’offre du fournisseur d’énergie et du nombre de radiateurs.

Depuis l’annonce de la future obligation, plusieurs responsables politiques ont exprimé leur désaccord. François Lenglet a qualifié la mesure de « complètement saugrenue », estimant que les factures élevées suffisent à inciter les foyers à contrôler leur consommation. Sur RTL, il a ajouté que « l’intention n’est pas forcément louable. L’État se mêle de ce qui ne le regarde pas ». Bruno Retailleau, quant à lui, ironise sur la « créativité des bureaucrates sans limite », suggérant que le contrôle pourrait bientôt s’étendre à des détails absurdes comme l’épaisseur des pulls ou l’efficacité énergétique des couettes.

Malgré ce report, le gouvernement reste attaché à la généralisation des thermostats, qui doivent contribuer à réduire les dépenses énergétiques et améliorer le confort. La mesure s’inscrit dans le cadre de la transposition d’une directive européenne et fait partie d’un projet de moyen terme visant à préparer les foyers à une meilleure gestion de l’énergie. Roland Lescure insiste sur la nécessité de laisser « plus de souplesse aux ménages et aux professionnels pour s’équiper ».

En pratique, il n’existe pas de sanctions prévues en cas de non-installation immédiate. Cependant, les experts prévoient que la mesure sera progressivement renforcée et pourrait devenir plus contraignante dans les années à venir. Pour l’instant, les Français disposent d’un délai supplémentaire jusqu’en 2030 pour se conformer à la nouvelle obligation.

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