Depuis plusieurs semaines, les consommateurs rencontrent des difficultés croissantes pour trouver des œufs en rayon. Selon le cabinet NielsenIQ, le taux de rupture des œufs atteint 13,3 % en 2025, un niveau bien supérieur au seuil jugé acceptable de 2 %.
Ce phénomène se produit malgré le fait que la France soit le premier producteur d’œufs de l’Union européenne, avec une production de 15,4 milliards d’œufs en 2024. Toutefois, la demande semble largement dépasser l’offre. Le marché des œufs en France est soumis à une pression croissante en raison de l’augmentation continue de la consommation. Les Français consomment aujourd’hui plus de 226 œufs par an, soit plus de quatre par semaine.
Cette tendance, en hausse depuis plusieurs années, s’explique en partie par l’inflation. Face à la montée des prix des autres protéines animales, telles que la viande et le poisson, l’œuf reste une alternative bon marché et accessible. Il bénéficie également de perceptions favorables en matière de santé, grâce à ses protéines et à l’évolution des messages sur le cholestérol. De plus, sa facilité de préparation et son coût abordable contribuent à son succès.
Une production d’œufs limitée face à une forte demande
Malgré cette forte consommation, la production d’œufs n’a pas suivi le même rythme. En 2024, la production a augmenté de seulement 1 % par rapport à l’année précédente, tandis que la demande a bondi de 4 à 5 %, selon Alice Richard, directrice du Comité National pour la Promotion de l’Œuf (CNPO). Les supermarchés sont approvisionnés chaque jour, mais la production actuelle reste insuffisante pour combler les besoins. Cela explique en grande partie la pénurie dans les rayons, alors même que la France produit en grande quantité. L’écart entre l’offre et la demande a ainsi conduit à des ruptures régulières.
Pour répondre à cette demande croissante, le secteur de l’élevage des poules pondeuses doit faire face à plusieurs défis. Alice Richard note que la France devrait construire 300 nouveaux poulaillers d’ici 2030 pour ajouter 1 million de poules supplémentaires chaque année. Cependant, ces projets sont freinés par des procédures administratives lentes et par des obstacles logistiques liés aux autorisations de construction et aux préoccupations environnementales des riverains.
De plus, les épidémies de grippe aviaire des années précédentes ont également fragilisé la production, réduisant la capacité des éleveurs à augmenter rapidement le nombre de poules. En raison de ces difficultés, le marché des œufs pourrait ne pas retrouver son équilibre avant le second semestre 2026.
Vers des importations pour combler le manque
En attendant, pour faire face à la pénurie, des importations d’œufs en provenance d’autres pays européens pourraient être nécessaires. Cependant, ces œufs importés posent des problèmes de traçabilité, ce qui soulève des préoccupations quant à la qualité et à la sécurité des produits.
En somme, la pénurie d’œufs sur le marché français résulte d’un déséquilibre entre une demande en forte croissance et une production qui n’a pas encore pu suivre le rythme. Si des solutions, telles que la construction de nouveaux poulaillers, sont envisagées pour l’avenir, la situation pourrait persister encore plusieurs années avant d’être résolue.








