Le chèque énergie, destiné à soutenir les foyers modestes, est remis en question par un rapport de l’Inspection générale des finances. Selon ce rapport, le dispositif favoriserait une consommation accrue d’énergies fossiles, allant ainsi à l’encontre des objectifs climatiques de la France. Cette critique relance le débat sur l’efficacité de cette aide face aux enjeux environnementaux.
Le chèque énergie a été instauré en 2018 et bénéficie à 5,5 millions de foyers, soit environ 20 % des ménages français. D’un montant compris entre 48 et 277 euros, il permet de financer les factures d’énergie des ménages modestes ou d’aider à réaliser des travaux de rénovation. Toutefois, un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF), révélé par BFMTV ce 7 août 2025, remet en cause l’efficacité de ce dispositif.
Selon l’IGF, le fait que le chèque énergie puisse financer aussi bien les énergies décarbonées que fossiles va à l’encontre des objectifs climatiques de la France. En subventionnant l’usage d’énergies carbonées comme le gaz ou le fioul, le dispositif aurait pour effet de favoriser la consommation d’énergies polluantes, alors que la France s’engage dans une transition énergétique visant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Les associations de défense des consommateurs, ainsi que plusieurs acteurs de la lutte contre la précarité, s’inquiètent également de la remise en cause de ce dispositif, qui représente un soutien vital pour de nombreux foyers modestes. Selon Françoise Thiebaud, de l’Association citoyenne et laïque des consommateurs, « le chèque énergie est devenu le bouc émissaire » d’une politique qui semble se détourner de la solidarité et de l’action de l’État. Elle dénonce un recul des engagements sociaux au moment où de plus en plus de ménages sont confrontés à la hausse des prix de l’énergie.
Une nouvelle attribution du chèque énergie basée sur les revenus
Pour 2025, le gouvernement a prévu des modifications des critères d’attribution du chèque énergie. Un décret publié le 31 juillet précise que les bénéficiaires seront désormais identifiés en fonction de leur revenu fiscal de référence et du numéro de Point de Livraison (PDL) de leur logement, remplaçant ainsi l’ancien système basé sur la taxe d’habitation, supprimée en 2023. L’Agence de services et de paiement (ASP) enverra les chèques automatiquement, avec un démarrage exceptionnel prévu dès novembre, en raison de l’adoption tardive des textes législatifs.
De plus, une version dématérialisée, le « e-Chèque énergie », sera mise en place pour faciliter l’utilisation en ligne du dispositif. Cette initiative vise à simplifier le processus pour les bénéficiaires et à rendre le système plus accessible, notamment pour les foyers ayant un accès limité aux services postaux. Cependant, l’impact écologique de cette aide reste un sujet de débat, d’autant que certains estiment que ces aides financières devraient davantage encourager les pratiques énergétiques durables plutôt que de favoriser la consommation d’énergies polluantes.
Un équilibre à trouver entre soutien social et transition énergétique
Le chèque énergie, bien qu’indispensable pour de nombreux foyers, soulève donc des questions sur son alignement avec les objectifs environnementaux de la France. Si cette aide permet d’atténuer les difficultés des ménages modestes face à la hausse des prix de l’énergie, elle semble paradoxalement encourager une consommation énergivore et polluante, ce qui contredit les objectifs de sobriété énergétique du pays.
Les réformes à venir devront donc trouver un équilibre entre la solidarité envers les ménages précaires et la nécessité de promouvoir des pratiques énergétiques plus écologiques. Pour que le chèque énergie soit à la fois un outil de lutte contre la précarité et un levier pour la transition énergétique, il semble crucial de repenser son modèle et son utilisation afin qu’il s’inscrive dans une stratégie de long terme pour un avenir plus durable.








