Le gazole, longtemps plus abordable que l’essence, voit désormais son prix se rapprocher dangereusement de celui du sans-plomb. Ce retournement s’explique par plusieurs facteurs, dont les répercussions de la guerre en Ukraine, l’augmentation des taxes et l’évolution du marché énergétique. Les automobilistes français, habitués à un diesel économique, doivent désormais s’adapter à cette nouvelle réalité.
Depuis l’été 2022, les prix des carburants en France ont connu une baisse notable, après avoir atteint des sommets durant la guerre en Ukraine. En août 2023, le prix du gazole moyen s’élevait à 1,65 € le litre, tandis que le sans-plomb 95 E10 se trouvait à 1,68 €, une différence minime. Ces prix sont loin des 2 € du litre observés en 2022, mais restent néanmoins élevés comparés à la période pré-guerre. En effet, avant l’attaque de l’Ukraine, les prix du gazole étaient autour de 1,46 € en 2008 et de 1,54 € en 2019.
L’influence des taxes et des coûts de production sur les tarifs du gazole
Les prix des carburants ne suivent jamais totalement l’évolution du pétrole brut. Si le prix du pétrole a baissé ces derniers mois, les prix des carburants restent élevés en raison de l’inflation des coûts de production, de distribution et des taxes. En France, les taxes représentent environ 54 % du prix payé à la pompe.
En outre, la hausse des coûts de production des carburants, combinée à la faiblesse de l’offre domestique de gazole, explique une grande partie de l’augmentation des prix ces dernières années. Entre 2009 et 2025, le prix du baril de pétrole est passé de 53 à 70 dollars, soit une hausse de 32 %. Cependant, pendant la même période, le prix du gazole a augmenté de 70 %, bien au-delà de la hausse du pétrole brut.
Le déclin de l’avantage fiscal du diesel
Au-delà des fluctuations des prix de l’énergie, un autre facteur explique cette situation : le déclin de l’avantage fiscal du diesel. En effet, la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), qui favorisait historiquement le gazole par rapport à l’essence, a progressivement diminué. En 2009, l’écart était de 18 centimes par litre, mais en 2025, cet écart aura fondu à seulement 7 centimes.
Cela réduit l’attrait économique des véhicules diesel, qui, par le passé, avaient des coûts de fonctionnement nettement plus avantageux que ceux des voitures essence. Aujourd’hui, cette différence a diminué, ce qui pénalise particulièrement les propriétaires de véhicules diesel, qui avaient payé un prix plus élevé pour un moteur plus économique.
La guerre en Ukraine et la fin des importations de gazole russe
L’un des effets majeurs de la guerre en Ukraine a été l’arrêt des importations de gazole russe, qui représentait une part importante des approvisionnements en carburant en France. Depuis l’instauration des sanctions en février 2023, la France doit importer davantage de gazole en provenance du Moyen-Orient et des États-Unis, des régions où les coûts de production sont plus élevés.
Selon Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, cette hausse des prix est « durable », car la France devra continuer à s’approvisionner dans ces régions, ce qui renchérit les coûts du gazole, rapporte Ouest-France. Parallèlement à l’augmentation des prix, le marché de l’automobile connaît une transition vers les véhicules électriques et hybrides. Les villes envisagent même de limiter l’accès des véhicules diesel à leurs centres, ce qui pourrait réduire encore la demande pour ce carburant.
Tableau détaillé de l’évolution des prix du gazole en France
| Année | Prix moyen du gazole (€) | Prix moyen de l’essence (€) | Différence (centimes) |
|---|---|---|---|
| 2009 | 0,96 | 1,12 | 16 |
| 2017 | 1,13 | 1,30 | 17 |
| 2022 | 1,75 | 1,80 | 5 |
| 2025 | 1,64 | 1,68 | 3 |
