Capitalisation « obligatoire » des retraites : la réforme d’Édouard Philippe stoppée net par Bercy

Le recours à une capitalisation obligatoire pour les retraites est écarté par le gouvernement.

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Capitalisation «obligatoire» des retraites : la réforme d’Édouard Philippe stoppée net par Bercy. Crédit : RTL | Econostrum.info

Le ministre de l’Économie a exprimé ses réserves face à l’idée d’une capitalisation obligatoire dans le système de retraites, mettant en avant des priorités budgétaires et sociales plus pressantes.

Invité des médias publics le dimanche 8 juin, Éric Lombard a fermement écarté l’idée d’une réforme introduisant une part de capitalisation obligatoire dans le système français de retraites. Cette suggestion, portée par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, consiste à faire financer une fraction des pensions par des placements individuels, sur le modèle de certains systèmes étrangers. Elle viserait à anticiper les conséquences du vieillissement de la population et de la baisse de la natalité.

Mais pour Éric Lombard, « ce n’est pas le bon moment », rapporte Le Figaro. Il a déclaré que d’autres priorités doivent être traitées en premier, notamment l’équilibre financier du système actuel. Il s’est également inquiété du caractère inégalitaire d’un tel dispositif, qui profiterait principalement aux foyers disposant déjà d’une épargne suffisante.

Une réforme touchant les retraites difficilement finançable

Au-delà du principe, la question du financement constitue un obstacle majeur selon Éric Lombard. Il a soulevé un point central : qui supporterait le coût d’une telle réforme ? Les entreprises, dont les marges sont jugées trop serrées, ne semblent pas en mesure d’absorber un prélèvement supplémentaire.

Du côté des ménages, un effort obligatoire pourrait alourdir les charges des plus modestes, sans garantir une redistribution équitable des bénéfices futurs. Face à cette complexité, Éric Lombard a exprimé sa préférence pour une stratégie d’incitation à l’investissement volontaire, plutôt qu’une obligation généralisée.

Un contexte budgétaire sous tension

Cette prise de position intervient dans un contexte de contrainte budgétaire forte. Le gouvernement prévoit environ 40 milliards d’euros d’économies dans le prochain budget 2026. Une piste évoquée est celle d’une « année blanche », un gel ciblé des dépenses selon les ministères. Le ministre a précisé que des arbitrages seront nécessaires secteur par secteur, avec une stabilisation possible de certaines prestations sociales, sans remettre en cause celles destinées aux ménages les plus modestes.

La déclaration d’Éric Lombard s’inscrit dans la continuité de la position défendue par la majorité présidentielle, qui refuse toute augmentation d’impôt généralisée tout en engageant une réduction progressive des effectifs de la fonction publique. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a confirmé ce cap dans une récente interview, soulignant la nécessité de « revoir la tendance » à la hausse du nombre de fonctionnaires.

L’idée d’un recours à la capitalisation obligatoire, bien que présente dans le débat public, ne semble donc pas retenue à court terme par les responsables économiques de l’exécutif.

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