La Commission européenne a engagé une procédure pour inscrire Monaco sur sa liste noire des juridictions à haut risque, en raison de lacunes persistantes dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Une mesure à forte portée symbolique et financière.
La principauté de Monaco est sur le point de rejoindre une liste peu enviable. Selon une information confirmée par plusieurs sources, la Commission européenne a lancé la procédure d’inscription du Rocher sur la « liste noire » des juridictions à haut risque, liste déjà occupée par des États comme le Panama, l’Afghanistan ou la Corée du Nord.
Selon BFMTV, cette décision intervient un an après que Monaco a été placée sur la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI). L’inscription devra encore être validée par le Parlement européen, mais elle fait déjà réagir. Cette mesure sanctionne l’insuffisance des mécanismes de contrôle et de répression en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, malgré des efforts récents.
Une réforme jugée tardive et incomplète
Depuis fin 2022, Monaco a adopté cinq lois visant à renforcer son cadre juridique, notamment en matière de procédure pénale et de conformité bancaire. En 2023, la principauté a créé l’Autorité monégasque de sécurité financière (AMSF), en charge du renseignement financier, de la supervision et de la sanction.
Mais pour la Commission européenne, le dispositif reste encore trop limité dans son efficacité concrète. Les experts pointent des délais d’application, un manque de transparence dans les circuits économiques, et une capacité de sanction encore perfectible.
Des conséquences directes pour la place financière de Monaco
Être inscrit sur cette liste noire entraînera des obligations renforcées pour les établissements financiers européens en relation avec Monaco. Les flux financiers en provenance ou à destination de la principauté seront considérés comme à risque, obligeant les banques à appliquer une vigilance accrue.
Le secteur de l’art, des objets de valeur ou encore de l’immobilier haut de gamme sera également concerné par ces contrôles. Plus largement, c’est l’image de Monaco comme place financière stable et conforme qui est en jeu.
Un revers diplomatique en pleine visibilité
Cette décision tombe alors qu’Emmanuel Macron effectue une visite d’État à Monaco, la première depuis plus de 40 ans pour un président français. Alors que Paris affiche un soutien politique et diplomatique au Rocher, Bruxelles envoie un signal clair sur la rigueur attendue en matière de transparence financière.
La principauté devra maintenant convaincre qu’elle peut sortir rapidement de cette surveillance renforcée, en démontrant l’efficacité réelle de ses réformes. Faute de quoi, son attractivité financière pourrait en pâtir durablement.








