Logement social : ces foyers riches qui occupent toujours des HLM

Une minorité de Français aux revenus confortables continue d’habiter en HLM, malgré des règles censées réserver ces logements aux plus modestes.

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Image de logements HLM
Logement HLM une partie des français les plus fortunés résident dans ces habitations dédiées aux personnes modestes | Econostrum.info

Selon une étude récente de l’Insee, une partie des 30 % des ménages les plus aisés vit encore dans le parc HLM. Si cette situation peut surprendre, elle s’explique par l’existence de logements intermédiaires et par la logique d’attribution des logements sociaux, qui repose uniquement sur les revenus au moment de l’entrée dans les lieux. Ce phénomène soulève des questions sur la gestion du parc social en période de forte tension locative.

Contrairement à l’image souvent véhiculée, le parc HLM ne loge pas uniquement des ménages à très faibles revenus. En 2022, l’Insee indique que 3 % des 30 % des ménages les plus riches résident toujours dans un logement social. Ce chiffre, bien que minoritaire, interroge sur l’équité d’un système censé favoriser l’accès au logement pour les plus précaires.

Dans les faits, plusieurs explications justifient cette présence. La première réside dans l’existence de logements locatifs intermédiaires gérés par les bailleurs sociaux. Ces biens, aux loyers plafonnés mais plus élevés que les HLM classiques, sont destinés à des classes moyennes exclues du parc privé par les prix mais trop riches pour le logement social traditionnel.

Des foyers continuent d’habiter les HLM malgré la hausse de leurs revenus

Autre réalité du parc social : certains ménages continuent d’occuper des logements sociaux alors que leurs revenus ont augmenté au fil des années. Comme le souligne l’Insee, les plafonds de ressources ne sont vérifiés qu’au moment de l’attribution du logement. Une fois installés, les locataires peuvent donc voir leur situation évoluer sans remise en cause automatique de leur bail.

Pour encadrer cette dérive, un supplément de loyer de solidarité (surloyer) est appliqué dès que les revenus dépassent d’au moins 20 % les plafonds. Ce surloyer concerne environ 2 % des ménages du parc social. Il permet aux locataires concernés de rester dans leur logement tout en contribuant davantage, mais n’entraîne pas l’obligation de quitter les lieux.

La question du « logement social à vie » fait l’objet de débats récurrents. Une proposition de loi, récemment rejetée, visait à étendre l’application du surloyer dès le premier euro de dépassement du plafond de ressources. Portée par le député Guillaume Kasbarian, cette réforme visait à inciter les foyers aux revenus plus élevés à libérer des logements pour les ménages réellement éligibles. Bien que la mesure ait été rejetée, elle devrait être redéposée, reflétant une volonté politique de revoir les conditions d’occupation des HLM dans un contexte de forte demande.

Un parc social de plus en plus réservé aux ménages modestes

Malgré la présence de certains foyers aisés, la tendance générale reste celle d’un parc social dédié aux plus modestes. En 2022, la moitié des locataires HLM disposaient d’un revenu inférieur à 1 400 euros mensuels, contre 1 700 euros dans le parc privé, comme le rapporte Capital. Le taux de pauvreté y est particulièrement élevé : 34 % des locataires HLM vivent sous le seuil de pauvreté, contre 21 % dans le privé. Cette précarisation croissante du parc social souligne l’urgence d’optimiser la gestion des logements sociaux, dans un contexte de pénurie chronique et de demandes en hausse.

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