La fraude aux finances publiques atteint des chiffres records en 2024, avec 20 milliards d’euros détectés par les autorités. Ce phénomène, qui touche plusieurs secteurs tels que la fiscalité, les aides sociales et douanières, représente un manque à gagner considérable pour l’État. Pour contrer cette tendance, le gouvernement a mis en place des mesures renforcées et des objectifs ambitieux pour les années à venir.
La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a annoncé avec fermeté que 20 milliards d’euros de fraudes fiscales, sociales, douanières et aux aides publiques ont été détectés en 2024. Ce montant, équivalant à deux fois le budget annuel de la Justice, marque une étape clé dans la traque des fraudeurs. Le gouvernement, conscient de l’impact économique de cette situation, met en place une série de mesures pour améliorer la détection et le recouvrement des sommes détournées. Selon la ministre, cette fraude représente un manque à gagner pour l’État et les services publics, freinant ainsi le financement de politiques essentielles.
Un objectif ambitieux : doubler la mise d’ici 2029
Le gouvernement a fixé un objectif ambitieux : détecter 40 milliards d’euros de fraudes d’ici à 2029, rapporte La Tribune. Un tel montant, s’il est atteint, pourrait contribuer significativement à réduire le déficit public sans recourir à des hausses d’impôts ou à des coupes dans les dépenses sociales. En 2024, sur les 20 milliards détectés, 13 milliards ont pu être récupérés, un chiffre déjà impressionnant, mais qui ne représente qu’une partie de l’iceberg. En effet, les estimations officielles sur la fraude réelle restent floues, car seule une fraction de celle-ci est identifiée et mise en recouvrement. Le gouvernement cherche à renforcer ses outils de contrôle pour repérer encore plus de fraudes, notamment avec l’aide de technologies avancées et une coordination accrue entre les différents services.
L’évolution de la fraude : un phénomène de plus en plus organisé
L’un des aspects les plus inquiétants de la fraude moderne est son évolution. Selon Amélie de Montchalin, la fraude est passée de simples escroqueries individuelles à une véritable « industrie de la fraude », alimentée par des réseaux organisés. Ces groupes criminels utilisent des méthodes de plus en plus sophistiquées pour contourner les contrôles et détourner des fonds publics. En 2024, les autorités ont saisi 600 millions d’euros d’avoirs criminels, un montant quatre fois supérieur à celui de l’année précédente. Cette tendance à l’organisation criminelle complique encore davantage la tâche des autorités, qui doivent adapter leurs stratégies pour répondre à cette nouvelle réalité.
Le gouvernement met en œuvre plusieurs mesures pour lutter contre cette fraude organisée. Parmi les initiatives majeures, il y a la mise en place d’une facturation électronique obligatoire pour les entreprises à partir de 2026, qui devrait aider à réduire les fraudes liées à la TVA. De plus, une proposition de loi examinée prochainement vise à suspendre le versement d’aides publiques en cas de suspicion de fraude. En outre, la criminalisation des escroqueries en bande organisée pourrait devenir un levier puissant pour démanteler les réseaux frauduleux. Ces mesures sont accompagnées par un renforcement des contrôles fiscaux, en particulier pour les plus hauts patrimoines, ainsi qu’une augmentation du nombre d’agents dédiés à la détection de la fraude sociale.
Récupérer les fonds pour assainir les finances publiques
La lutte contre la fraude ne se limite pas à une question de justice fiscale, elle est aussi essentielle pour assainir les finances publiques. En récupérant ces fonds détournés, le gouvernement espère réduire le déficit public, qui devrait atteindre 6% du PIB en 2024. Avec une prévision de croissance économique plus modeste, ces efforts sont d’autant plus cruciaux pour atteindre l’objectif d’un déficit de 5,4% du PIB en 2025. En multipliant les actions de recouvrement et de détection, l’exécutif cherche à compenser les pertes générées par les fraudes, tout en évitant des hausses d’impôts pour les citoyens.
Face à l’ampleur de la fraude, le gouvernement semble bien décidé à renforcer ses efforts pour lutter contre ce fléau. Les 20 milliards d’euros détectés en 2024 ne sont qu’un début, et l’objectif de doubler ce montant d’ici 2029 témoigne de la détermination des autorités à mettre un frein à ce phénomène. Toutefois, la lutte contre la fraude, surtout lorsqu’elle est organisée à grande échelle, ne sera pas sans défis. Il reste à voir si les nouvelles mesures envisagées seront suffisantes pour atteindre ces objectifs ambitieux.