Un métier familier, exercé par des milliers de personnes, pourrait bien disparaître dans les années à venir. Selon un rapport du Forum économique mondial (FEM), il figure parmi les professions en déclin les plus rapides, dépassant les caissiers et les imprimeurs. La transition numérique et les changements d’habitudes des Français accélèrent son recul, mettant en péril son avenir. Il s’agit du métier de facteur, un pilier du service postal, aujourd’hui en pleine mutation.
Depuis une quinzaine d’années, l’essor du numérique a profondément transformé les habitudes de communication. Les courriels, la dématérialisation des factures et des démarches administratives ont provoqué un effondrement du volume de courrier distribué. En 2008, plus de 18 milliards de lettres circulaient en France. En 2022, ce chiffre est tombé à 7 milliards, soit une baisse de plus de 60 % en quinze ans.
Cette évolution impacte directement La Poste, dont le chiffre d’affaires issu du courrier est passé de 50 % en 2010 à seulement 15 % en 2023. Face à cette réalité, l’entreprise a amorcé une réorganisation progressive des tournées, avec une expérimentation depuis 2023 dans plusieurs territoires. Désormais, les facteurs ne passent plus quotidiennement dans certaines zones, sauf pour livrer les courriers urgents, les colis et les recommandés.
La Poste tente de proposer de nouvelles missions aux facteurs dans le but de préserver ce métier
La baisse du courrier impose à La Poste de revoir son modèle économique. Depuis plusieurs années, l’entreprise a multiplié les initiatives pour diversifier les missions des facteurs, comme la livraison de repas aux personnes âgées, le suivi des populations isolées ou encore des services de veille sociale. L’objectif est de compenser la baisse des tournées traditionnelles en intégrant de nouvelles prestations de proximité.
Dans d’autres pays européens, la transformation du métier de facteur est encore plus avancée. Au Danemark, l’opérateur PostNord a annoncé la fin de la distribution du courrier d’ici fin 2025, avec une réduction massive des effectifs. En France, le nombre de facteurs pourrait chuter de 60 000 aujourd’hui à 40 000 d’ici 2030, selon les projections du FEM, soit une réduction de 34 % en cinq ans.
Une disparition inévitable ou une mutation du métier ?
Alors que le courrier papier devient un vestige du passé, la question se pose : le métier de facteur peut-il encore survivre ? Si certaines missions restent indispensables, notamment la distribution de colis et de recommandés, la baisse constante du volume de lettres met en péril l’avenir du métier sous sa forme actuelle.
La Cour des comptes a récemment suggéré une réduction de la fréquence de distribution, alors que la France est l’un des rares pays à maintenir une tournée six jours sur sept, comme le rapporte le Journal du net. Cette évolution, combinée à la transformation des services postaux, pourrait faire du facteur un agent polyvalent, plus proche des besoins sociaux que de la seule distribution de courrier.
Si La Poste parvient à adapter son modèle, le métier pourrait se réinventer plutôt que disparaître totalement. Mais une chose est sûre : la figure du facteur parcourant chaque jour les rues avec sa sacoche de courrier appartient déjà à une époque révolue.