Les chiffres dévoilés par l’Urssaf confirment un ralentissement des embauches en France en fin d’année 2024. Ce recul, marqué par une baisse des contrats à durée indéterminée, s’inscrit dans un contexte économique tendu. Les entreprises adoptent une attitude de prudence face à l’incertitude économique croissante.
Les déclarations d’embauche ont diminué de 2,4 % au dernier trimestre 2024, reflétant un climat économique instable. Les grandes entreprises de plus de 20 salariés, traditionnellement moteurs de l’emploi, ont enregistré une baisse plus marquée de 2,8 %. Ce recul traduit une hésitation des employeurs à s’engager sur des contrats longs, notamment en CDI.
En effet, les embauches en CDI ont chuté de 3,3 %, une baisse significative qui témoigne des incertitudes des entreprises quant à leur capacité à maintenir leurs effectifs sur le long terme. Les contrats à durée déterminée (CDD) de plus d’un mois, bien qu’un peu plus résilients, ont, eux aussi, enregistré une baisse de 1,5 %.
Un recul des embauches marqué dans les secteurs de l’industrie et de la construction
L’industrie, souvent considérée comme un baromètre économique, a été particulièrement touchée. Les déclarations d’embauche dans ce secteur ont reculé de 4,2 %, une baisse qui contraste avec la légère hausse observée au troisième trimestre (+0,8 %). La contraction de l’activité industrielle est symptomatique des difficultés rencontrées dans des domaines comme la production manufacturière et la métallurgie.
La construction, déjà fragilisée par une baisse de la demande et des difficultés d’approvisionnement en matériaux, continue de voir ses embauches diminuer (-2,6 %). Le secteur tertiaire, bien que plus stable, a également été impacté, enregistrant une baisse des embauches de 2,1 %. Cette diminution, quoique moins prononcée, reflète les incertitudes qui pèsent sur des segments tels que le commerce et les services aux entreprises.
Un niveau supérieur à l’avant-crise
Malgré ce repli, le volume total des embauches reste 5,7 % au-dessus des niveaux de fin 2019, avant la crise Covid. Cette progression est particulièrement visible dans le tertiaire (+7,4 %) et l’industrie (+5,4 %). Cependant, la construction affiche un déclin durable (-11,8 %), comme l’indique l’Urssaf, soulignant les difficultés persistantes dans ce secteur.
Ces chiffres montrent que, bien que le marché de l’emploi ait globalement résisté à la crise sanitaire, il reste vulnérable à un ralentissement prolongé de l’économie.
Une situation qui risque de s’aggraver en 2025
L’avenir du marché de l’emploi s’annonce incertain pour 2025. Selon l’Insee, le taux de chômage pourrait passer de 7,4 % à 7,6 % d’ici le milieu de l’année, sous l’effet de la multiplication des plans sociaux et d’une prudence accrue des employeurs. Des entreprises comme Michelin et Auchan ont déjà annoncé des suppressions d’emplois, renforçant les craintes d’un impact durable sur l’emploi.
Cette situation met en lumière la nécessité de politiques publiques adaptées pour soutenir les secteurs en difficulté et encourager les embauches. Si les chiffres finaux du quatrième trimestre seront publiés en février, la tendance actuelle appelle à une vigilance accrue pour éviter une dégradation prolongée du marché de l’emploi.