EPR2 : la Cour des comptes avertit sur des dérives à venir

La Cour des comptes met en garde contre les risques liés au programme de construction des réacteurs EPR2. Entre dérives de coûts, délais et incertitudes financières, elle exhorte EDF et l’État à résoudre ces problèmes avant de poursuivre ce vaste projet de relance du nucléaire en France.

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Chantier du réacteur EPR de Flamanvillle d'EDF décortiqué par la Cour des comptes
EPR2 la Cour des comptes sonne l’alarme sur des dérives à venir | Econostrum.info

Le programme EPR2, fer de lance de la relance nucléaire en France, suscite des préoccupations majeures. La Cour des comptes a publié un rapport critique de 97 pages, mettant en lumière les incertitudes qui entourent ce projet ambitieux.

Annoncé par Emmanuel Macron en février 2022, le programme prévoit la construction de six nouveaux réacteurs de génération EPR2, avec une option pour huit autres. Mais les magistrats financiers soulignent que l’accumulation de risques pourrait faire échouer ce projet crucial.

Le réacteur EPR de Flamanville reste une illustration des défis que la filière nucléaire doit surmonter. Prévu initialement pour être opérationnel en 2012 avec un budget de 3,3 milliards d’euros, le projet a finalement coûté 23,7 milliards en euros de 2023 et a accusé plus de 10 ans de retard. Ces dérapages, liés à des aléas techniques et à une gestion défaillante, rappellent les risques que court le programme EPR2 s’il n’est pas mieux maîtrisé.

Les coûts en forte hausse pour les EPR2 mis en avant par la Cour des comptes

Comme l’indique EDF, le coût des six premiers réacteurs EPR2 a été réévalué à 67,4 milliards d’euros fin 2023, soit une hausse de 30 % par rapport à l’estimation initiale de 51,7 milliards. Cette flambée des coûts ne tient même pas compte de l’inflation future, soulève la Cour des comptes, qui appelle à une plus grande transparence sur le financement et la rentabilité de ces infrastructures. EDF, renationalisée en 2022, demande des engagements clairs de l’État, mais les arbitrages sur le financement continuent d’être repoussés.

Malgré des réformes pour renforcer la filière, comme le rapatriement des turbines Arabelle et la restructuration d’EDF, des lacunes subsistent. La Cour des comptes souligne que la gouvernance d’EDF devra prouver qu’elle peut garantir une exécution rigoureuse des projets. Par ailleurs, elle recommande de réduire l’exposition financière d’EDF à l’international pour éviter de pénaliser les projets en France.

Les ambitions nucléaires de la France s’inscrivent dans une volonté de décarboner l’économie et d’assurer l’indépendance énergétique. Cependant, la Cour recommande de repousser la décision finale sur les EPR2, prévue pour 2026, jusqu’à ce que le financement et les études techniques soient consolidés. Elle rappelle que des choix précipités pourraient compromettre la crédibilité de la relance nucléaire.

Le programme EPR2 est une opportunité stratégique pour la France, mais il repose sur des bases fragiles. La rigueur dans la planification, le contrôle des coûts et la mobilisation de ressources adaptées seront déterminants pour transformer cette ambition en réussite durable.

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